2e DIMANCHE DE PÂQUES 2020 : UNE MISSION DE MISÉRICORDE 

Frères et sœurs,

Au début de la crise causée par la pandémie du coronavirus, nous croyions que les activités normales reprendraient le lendemain de Pâques. Beaucoup se faisaient alors des plans de sortie du confinement.Mais, des mises à jour successives nous font réaliser qu’il faut encore user de patience et de prudence pour notre plus grand bien et pour la protection de nos êtres les plus chers. En ce dimanche de la miséricorde, nous vous portons dans nos prières ainsi que les personnes éprouvées par la maladie et le deuil.

La situation décrite dans l’Évangile du jour est très proche de notre confinement : ¨…les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs¨… Ils craignaient la mort. Même s’ils ont déjà vécu les événements du matin de Pâques : la visite de Marie Madeleine au tombeau, suivie de celle de Pierre et de Jean, la menace de mort pesait lourdement sur leur foi naissante en la résurrection de Jésus. 

Il a fallu la rencontre personnelle avec Jésus le vivant pour ouvrir dans leur cœur le souffle d’une vie nouvelle : ¨Jésus vint, et il était là au milieu d’eux¨. ¨Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur¨. Le Christ ressuscité, malgré les marques de la crucifixion, transforme ainsi la peur et l’angoisse de ses disciples en joie. 

C’est là lexpression de la miséricorde du Père : faire passer de la peur à la joie, ouvrir dans les cœurs de nouveaux chemins, susciter l’espérance. L’apôtre Pierre développe pour nous ce don merveilleux que Dieu nous fait : ¨ Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ, dans sa grande miséricorde nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure¨. 

Pour les rendre accueillants à ce don, Jésus communique la paix à ses disciples et les fait communier à son monde de gloire. Il les consacre messagers de l’amour miséricordieux de Dieu pour l’humanité tout entière : ¨ De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie… Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis, à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ¨. Jésus leur communique son Esprit et les envoie pour faire triompher l’amour sur la haine, guérir les rancœurs les uns à l’égard des autres, faire advenir de nouvelles relations fondées sur la solidarité vraie et le respect des personnes et de leur dignité. À travers le pardon donné et reçu, se manifeste encore réellement la victoire du Christ sur le mal et ses conséquences néfastes pour nous et pour les nôtres. 

Les disciples du Christ doivent témoigner par leur vie de la miséricorde du Père qui veut libérer ses enfants de toutes les entraves, de tout ce qui les prive de leur dignité : ¨ C’est par l’amour que vous avez les uns pour les autres que vous montrerez que vous êtes vraiment mes disciples¨. Dieu est du côté où tout renaît, où tout reprend vie, où l’espérance fait toutes choses nouvelles : ¨ Aussi vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves. Vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut qui est l’aboutissement de votre foi ¨, exhorte l’apôtre Pierre. 

Habitées par cette puissance de vie, les premières communautés chrétiennes, partout où elles étaient, en dépit des persécutions, des menaces de mort et même de la mise à mort de certains de ses membres, ¨ étaient assidus à l’enseignement-témoignage des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières ¨. Ces hommes et ces femmes ont inscrit ainsi à tout jamais dans l’histoire l’ADN de tout disciple-serviteur comme fondement et manifestation de notre appartenance au Christ.  

La grâce de la résurrection du Christ, c’est-à-dire sa miséricorde, est donc à l’œuvre dans notre histoire personnelle et communautaire. L’appel aux personnes formées dans les soins de santé et leurs réponses, ceux et celles assurant les services essentiels dans leurs communautés, ceux et celles qui font l’épicerie pour nos aînés et les malades, ceux et celles qui les soutiennent par un appel ou un courriel, les parents auprès de leurs enfants confinés à la maison, les amis, les artistes… témoignent de la présence du Christ qui console, essuie les larmes, redonne de l’espoir et encourage à garder le moral malgré toutes les difficultés du moment. 

Les événements que nous vivons nous privent certes de nos rassemblements liturgiques mais ils nous exigent de faire œuvre de miséricorde auprès des nôtres. Cela prendra le temps qu’il faudra pour imprégner l’amour du Christ en nous et en eux. À Jésus qui lui dit : ¨ cesse d’être incrédule, sois croyant ¨, Thomas proclame alors et nous avec lui : ¨ Mon Seigneur et mon Dieu ! ¨ Jésus lui a fait passer de la peur à la joie, du doute à la reconnaissance du Seigneur et Maître de la vie. Nous pouvons vraiment dire encore aujourd’hui : ¨Jésus, j’ai confiance en toi¨. 

Pour nous aussi, grâce au Dieu de la miséricorde infinie, la joie surgira de l’autre côté de nos peurs et de nos inquiétudes. L’Amour éternel de Dieu va jusque-là. 

Bon dimanche de la miséricorde ! 

Fraternellement, Walnès !